Isa et sa crèche

 

Cette histoire commence (encore !) sur internet. J'y trouve sur un célèbre site une annonce concernant un lot de santons anciens.

 

La personne qui les vend a sauvé cette boîte sortie d'un grenier ni plus ni moins que de la poubelle, quelle horreur.
On me précise que certains sont signés Canut. Un petit tour sur la toile ne permet alors de découvrir un extraordinaire personnage.
Je le contacte au téléphone à réception de mes santons, afin de les dater. La signature Gazan prouve qu'ils sont sortis de ses mains avant 1967. 



Dans la même boîte, avec d'anciens santons Adry, un bandit non signé qui semble de même facture. J'en aurai la confirmation. Et celui-ci remonte aux années "Marseille", soit les débuts de Robert Canut, vers 1958.
Robert Canut me propose de les lui amener à l'occasion. Une proposition qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Et le petit séjour offert par ma fille à Noël trouve tout naturellement sa destination. 



A Tulette, dûment renseignés dans le village, nous découvrons une maison ancienne perdue dans la verdure. Avant même de pousser la porte, quelques gargouilles de terre annoncent la couleur : nous allons pénétrer dans l'antre du magicien.
La pièce est peuplée de vitrines et autres belles pièces, mais mon regard est vite attiré sur la gauche : tout au fond, son célèbre chapeau perché au sommet de sa toison blanche, Robert Canut est à l'oeuvre.




Mon mari et moi allons passer deux heures fabuleuses avec ce grand monsieur de 78 ans, créateur, libre-penseur, passionné et passionnant : le dernier des grands santonniers, le dernier des Mohicans.
Installé à Marseille en 1958, il n'a depuis jamais cessé de créer. 
Voici un de ses premiers modèles.




Et de sublimes pièces récentes, encore brutes, qu'on lui a commandées.



Admirez les détails des chevaux de traits et des grumes de bois sur la charrette.



Encore une commande en cours de réalisation : superbe !



Cette maison est une véritable caverne d'Ali Baba.




Ici, la vitrine où sont conservés ses pièces modèles.



Ces centaines de moules attendent sur les étagères le bon vouloir du maître. Robert Canut en a créé environ 500 en 55 ans de métier.



Ces boeufs attendent d'être peints. C'est en ce moment l'occupation principale de Robert Canut qui doit regarnir des étagères dévalisées par ses clients.



Robert Canut utilise pour cela des peintures qu'il fabrique lui-même à partir de pigments. Il n'a jamais retranscrit ses "recettes" : je suis santonnier dit-il, pas écrivain !



Tout un fouillis d'outils dont certains faits de ses mains pour répondre à un  besoin précis : le buis tout proche fournit la matière première.



Comment faites-vous les tuiles ? me demande-t-il ; dans la foulée, j'ai droit à une leçon particulière de toiture maison. Génial !



Voilà le résultat avec cette belle maison exposée dans la boutique.



Ces tuiles-ci ont été moulées à la main une à une. 

Et voici un petit cadeau pour moi, un minuscule santon d'un cm de haut. A la loupe, on peut admirer ses incroyables détails. Mais pour Roger Canut, c'est un temps révolu : "ça allait bien quand j'étais jeune et que j'y voyais plus clair".



Le talent de cet artiste ne se résume pas aux santons. De très belles pièces sont exposées dans 
l'atelier, qui expriment tout le génie et la liberté de pensée de leur auteur.



Pour terminer, je vais vous présenter les pièces achetées ce jour-là pour compléter ma collection.



Les commères, le meunier et son âne et la femme et sa chèvre.

J'espère que vous avez pris du plaisir à cette visite. Je vous invite à visiter les autres pages de ce blog et à laisser vos commentaires. A très bientôt, Isabelle.